cœur de la nouvelle majorité. J’avais l’illusion de penser que ma présence pourrait empêcher certains abus, refréner certains excès. Je restai.
Dès lors, commença pour moi une période difficile. À plusieurs reprises, je dus intervenir avec force auprès des membres du gouvernement pour les amener à reconsidérer et à amender leurs décisions antérieures.
Un matin, le président du Conseil et le ministre de l’Air vinrent m’informer qu’on allait envoyer des armes en Espagne au service de l’armée gouvernementale. Je protestai contre un tel projet.
La France ne devait pas prendre parti dans la politique intérieure des autres pays ; d’ailleurs, elle n’avait pas trop de ses réserves d’armement pour elle-même ; ce serait porter atteinte à la défense nationale que d’en distraire une partie au service de l’étranger. J’obtins que cette mesure fût suspendue jusqu’au retour du ministre des Affaires étrangères qui se trouvait alors à Londres et jusqu’à examen en Conseil des ministres.
Après une longue discussion, le Conseil s’opposa à l’adoption de la mesure d’abord envisagée. On a accusé plus tard les autorités françaises d’avoir envoyé des armes au delà des Pyrénées. Je n’en crois rien. En tout cas, si cela eut lieu, ce fut contre la volonté nettement exprimée et constamment affirmée par le gouvernement.
J’évoque aussi ces jours si tristes du printemps de 1937 où une sorte de folie s’emparait des esprits. Les principales usines de la banlieue parisienne étaient occupées ; les ouvriers de l’Exposition, qui auraient dû redoubler d’activité pour permettre l’ouverture à la date fixée de la grande manifestation internationale, faisaient grève sur le tas, à telle enseigne que le directeur général Edmond Labbé venait me remettre un matin sa démission, que je refusai d’ailleurs. On eût dit, pour reprendre une phrase de mon compatriote lorrain Maurice Barrès « que, ignorant les principes de mort qu’il y a dans tous les ordres d’activité dès que manque une discipline, nous ayons épuisé les agréments de la folie et les attraits du désordre ».
Il y avait à ce moment-là au ministère de l’intérieur un