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témoignage


Volume x


Page 40. — Les grandes difficultés se développent et de moins en moins, je suis renseigné et presque jamais consulté. Je vois officiellement passer les télégrammes des Affaires étrangères. En Conseil, je les signale aux membres du gouvernement qui ne sont au courant de rien.

Page 84. — Moi. — « Nous n’irons pas plus loin que Tours. Prenons le temps de réfléchir à tout cela, répliquai-je. Je ne suis pas d’humeur à partir.

Clemenceau. — « Oui, mais vous ne pouvez pas être pris par les Allemands ; vous représentez la France. Il faut que vous puissiez au besoin reconstituer un gouvernement ; moi, ce n’est pas la même chose.

Moi. — « Votre disparition serait plus grave que la mienne. Je ne me vois pas me séparant de vous. »

Page 137. — Clemenceau avait raison de me dire un jour : « Je suis populaire et vous ne l’êtes pas. » Comment le serais-je ? Tout le monde croit que c’est Clemenceau qui a sauvé Paris et les armées les 24, 25, et 26 mars. Mon action ne s’extériorise jamais. Je ne puis ni prononcer un mot, ni faire un geste. Je suis une âme sans corps. Si par malheur nous subissions une paix mauvaise ou médiocre, toute la honte en rejaillirait sur moi. Je dois ce sacrifice à la patrie.

Page 239. — Et moi, faute de responsabilité légale et de droit et d’action, je suis, de la part de tous, l’objet des allégations les plus fausses et des suppositions les plus fantaisistes.

Page 270. — Clemenceau : « C’est la logique du régime. Il ne faut pas s’en plaindre. La démocratie le veut ainsi. La Chambre est souveraine. Tous les jours, elle peut forcer le président de la République à signer des lois qu’il réprouve. »

Page 276. — En maintenant mes réserves personnelles, je suis donc forcé de signer ce détestable projet (Commission d’enquête de l’Aisne).

Page 380. — Lettre à Clemenceau : « Vous m’avez toujours reconnu le droit de vous exprimer mon opinion. Je n’ai pas abusé de ce droit, mais j’en ai usé parce qu’il était