Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
témoignage

liberté et qui demain, si les choses tournaient mal, me rendraient logiquement responsable de tout !… L’autre jour, c’était Henry Chéron lui-même qui écrivait dans un rapport sur la loi Dalbiez qu’il appartenait au président de surveiller personnellement l’exécution des lois. Comment ? par quels agents ? sous quelle responsabilité ? Hier, c’était d’autres parlementaires qui se plaignaient de mes prétendus empiètements sur l’indépendance des ministres. En 1913, un jour que Stephen Pichon, ministre des Affaires étrangères, avait cru devoir dire qu’il avait négocié « sous la haute direction du président de la République », Clemenceau s’était écrié : « Direction du président ? Hérésie, réaction, césarisme, horreur ! » Et, cette fois, Clemenceau n’avait pas tout à fait tort. « L’indépendance absolue des ministres, affirmait Ferry sous le 16 mai, est la conséquence de leur responsabilité. » Mais aujourd’hui, suivant les heures, on m’adresse successivement les deux reproches contraires. Qu’importe ! Je laisserai dire et je continuerai à faire ce que je dois.

Page 339. — Henry Chéron, sénateur, à qui j’ai demandé de venir me parler du rapport où il a mis en cause la présidence de la République, essaie de me démontrer qu’il n’a rien écrit de contraire à la Constitution. Je lui rappelle que je n’ai le droit d’agir que sous la responsabilité des ministres et que si je m’avisais de m’attribuer, en dehors d’eux, un pouvoir personnel, je ne tarderais pas à provoquer une crise du régime.

Volume viii.

Page 70. — Pallu de la Barrière qui a écrit récemment : « Nous avons un président de la République qui a des prérogatives élevées ; qu’il en use ! » reconnaît, avec un peu de confusion, que je n’en ai aucune.

Page 81. — Je réponds à Delpeuch qu’il se méprend tout à la fois sur les faits et sur mes moyens d’action. J’ajoute qu’il ignore, comme tout le monde, la dépense de travail et de volonté que je fais tous les jours vis-à-vis des ministres. J’ai fait le sacrifice, non seulement de ma vie, mais de ma popularité et de mon honneur même et je n’ai