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témoignage

y a eu des malentendus. Le ministre français et le ministre allemand n’ont pas parlé le même langage.

Au lieu de faire un pas en avant dans la solution des conflits en puissance, on les a embrouillés, d’où un avenir plus trouble et plus menaçant.

Le 4 février 1939, le ministre des Affaires étrangères prescrit à notre ambassadeur à Berlin une démarche pour connaître les intentions du gouvernement allemand au sujet de la garantie à accorder à la Tchécoslovaquie, conformément aux accords de Munich.

Le 8 février, l’ambassadeur remet à l’office des Affaires étrangères du Reich une note verbale où il demande à connaître les vues du gouvernement allemand sur la question de la garantie internationale.

Le 22 février, le ministre des Affaires étrangères insiste auprès de l’ambassadeur pour obtenir une réponse.

Le 2 mars, l’ambassadeur indique que, dans la pensée du gouvernement allemand, les conditions prévues à l’article premier de l’accord de Munich ne sont pas réalisées touchant les minorités polonaise et hongroise. Il ajoute que, d’ailleurs, les puissances occidentales n’ont plus aucun droit de regard en Europe centrale.

Le 14 mars, le ministre des Affaires étrangères rappelle le sens général de l’accord de Munich et, se référant à la déclaration franco-allemande du 6 décembre, il charge l’ambassadeur de faire part à M. de Ribbentrop de la préoccupation du gouvernement français. Il désirerait connaître notamment l’interprétation qu’il faut attacher à l’action du Reich en Slovaquie.

Le 15 mars, l’ambassadeur annonce en guise de réponse l’occupation de la Bohême et de la Moravie par l’armée allemande. Entre les ministres tchèques et allemands, il n’y a pas eu de négociations proprement dites.

Hitler a exigé la signature de la convention préparée à la Wilhelmstrasse. On a su depuis la pression odieuse et brutale exercée sur le président Hacha et le ministre Chvalkowsky pour les amener à signer, à leur corps défendant, l’acte de mort de la Tchécoslovaquie.

Cependant le 10 mars 1938, le maréchal Gœring avait