Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
le futur traité de paix

bien entendu, qu’ils cadrent avec le covenant du Pacte et ne comportent aucune clause portant atteinte au fonctionnement régulier de l’organisme général.

Voilà pour la rédaction du futur traité de paix. Sans doute, comme en 1919, ce travail comportera-t-il bien des débats. C’est dans l’ordre des choses. Il est fatal que dans le choc de tant d’intérêts contradictoires qui vont vouloir s’affirmer, des heurts se produisent. Il n’est pas moins certain qu’il faut leur trouver un ajustement réalisant le maximum de justice.

Il faut prendre garde notamment de n’inscrire dans le traité que des clauses applicables. Rien ne serait plus néfaste que de renouveler l’erreur de 1919 où certains articles étaient abandonnés alors que l’encre en était à peine sèche. Le jour où une brèche est ouverte dans un instrument de cette nature, l’ensemble est menacé.

C’est ce qui advint notamment pour la livraison des coupables. Dans les séances de la Commission des responsabilités, puis dans celles du Conseil des Quatre, la Grande-Bretagne s’était montrée particulièrement ferme. Lloyd George avait lancé comme signe de ralliement son cri de :

Hang the Kaiser, et son principal secrétaire avait notifié au comte de Brockdorff-Rantzau, en réponse à ses protestations contre le traité de paix, que les Alliés ne pouvaient accepter l’idée de faire juger les coupables par les complices de leur crime. Ce qui n’empêcha pas que quelques mois après s’ouvrait la comédie du procès de Leipzig qui, naturellement, n’aboutissait à rien.

Mais ce qui importe avant tout pour assurer la pleine application du traité de paix, c’est que les Alliés soient bien déterminés à rester unis, quoiqu’il advienne, même si leurs intérêts particuliers n’y trouvaient pas toujours leur compte.

Quel encouragement aux Allemands, dans les années 1920 et suivantes, pour ne pas se hâter de désarmer, pour mettre tous les retards possibles dans le payement des réparations et, d’une manière générale, pour éluder les clauses essentielles