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le futur traité de paix

vrir une bonne part de l’annuité qui sera mise à sa charge.

Les livraisons en nature pourront aussi se faire sous forme de travail. Il faudra bien que les mêmes mains allemandes qui ont souillé les pays occupés en les hérissant de forteresses, de blockhaus, de barbelés notamment le long des côtes atlantique et méditerranéenne, remettent les lieux en état et restituent à ces régions leur visage d’avant-guerre. Et pourquoi n’imposerait-on pas aussi à des mains allemandes le travail pénible et dangereux à accomplir pour débarrasser nos campagnes des mines que l’ennemi y a semées pour protéger sa retraite ?

Quant à l’annuité en devises, ce sera l’œuvre de la future commission des Réparations de la fixer annuellement en fonction des possibilités allemandes. Elle devra prendre garde de ne pas se laisser circonvenir comme sa devancière de 1919 qui n’a pas su organiser le payement par l’Allemagne de 350 milliards en trente ou quarante ans. Quand on pense que cette même Allemagne vient de soutirer à la France plus de 800 milliards de francs en quatre ans, on comprend avec quelle habileté elle a su mener son jeu au lendemain de l’autre guerre et jouer de sa pauvreté à l’heure même où elle reconstituait sa puissance économique et faisait ses préparatifs en vue d’une nouvelle guerre. Les événements survenus depuis 1919 l’ont établi d’une manière péremptoire. Personne, même pas lord Keynes, n’en peut douter.

Chapitre de l’organisation de la paix. — Dans ce domaine encore, les négociateurs du futur traité trouveront un terrain très déblayé. Il leur suffira de reprendre les textes de 1919 en y ajoutant toutefois la création d’une force armée à la disposition du Conseil de la Ligue.

J’ai entendu depuis plusieurs mois, à diverses radios étrangères, des exposés relatifs à l’organisation future de la sécurité internationale. Des hommes d’État dans les gouvernements, dans les assemblées parlementaires, s’efforcent de poser les principes auxquels doit satisfaire la nouvelle organisation.

Je serais tenté de leur dire : ne prenez pas tant de peine. Veuillez seulement ouvrir les dossiers de vos aînés, notamment celui préparé en 1919 par Léon Bourgeois, ce sage