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témoignage

monument élevé à Tannenberg à la gloire de l’armée allemande.

S’il est un point sur lequel ne plane plus aucun doute, c’est le fait que toute la responsabilité de la guerre de 1914 incombe à l’Allemagne. De multiples documents allemands et austro-hongrois l’établissent sans conteste, notamment la note du 18 juillet du ministre de Bavière à Berlin où sont esquissées par avance les lignes du plan qui va se dérouler, les exposés des 25 et 27 juillet du comte Szoeggenyi, ambassadeur d’Autriche à Berlin, la lettre du 28 juillet de Guillaume II au chancelier, la note historique du comte de Brockdorff-Rantzau du 2 août, son exposé du 29 mai 1916, les Mémoires du prince Lichnowsky, ambassadeur d’Allemagne à Londres.

Malgré ces multiples témoignages, le chef du Reich n’a pas hésité à dire :

« L’accusation suivant laquelle l’Allemagne serait coupable d’avoir déclenché la plus terrible de toutes les guerres, nous la repoussons et avec nous l’opinion unanime de toutes les classes du peuple allemand la rejette… La guerre n’a été pour nous qu’un suprême moyen de défense imposé à la nation entourée d’ennemis par la dure nécessité de maintenir son existence au prix des sacrifices les plus lourds. »

Comment une jeunesse constamment soumise dans ses écoles, dans ses universités, dans ses casernes à cet enseignement ignominieux de la philosophie de la puissance garderait-elle son libre arbitre ? Comment pourrait-elle se dégager des voies de l’agression où l’orientent ses maîtres ?

C’est à cela qu’il faut mettre un terme. Œuvre difficile sans doute ; entreprise redoutable.

Il faut d’abord, imitant le geste des dirigeants du national-socialisme à l’aurore de ce régime, brûler sur la place publique tous les ouvrages où s’étale la philosophie odieuse du pangermanisme, comme on brûla alors les livres consacrés à l’histoire basée sur la vérité, à la philosophie inspirée respect de la dignité humaine, au libéralisme dans les lettres, les sciences et les arts.

Puis, après avoir fait place nette, il conviendra de rédiger