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le futur traité de paix

des presses, etc., en usage dans l’industrie mécanique (automobiles, matériel de chemins de fer, chaudronnerie, etc…) peuvent servir à l’usinage des obus, des canons, des tanks ; des laminoirs sont à double fin : grosses tôles et plaques de blindage ; l’azotate d’ammoniaque est à la fois un engrais et une matière première pour explosifs ; les fabrications du celluloïd et de la poudre B sont identiques ; le phosgène et le chlore servent dans diverses industries (matières colorantes, etc.) et dans la préparation des gaz toxiques.

Ainsi apparaît la complexité du problème. Est-il possible de désarmer une nation qui ne veut pas désarmer ? se demande en guise de conclusion le général Nollet. Non, répond-il, pour peu que cette nation garde son sens national, sa force morale et soit bien décidée à reprendre sa place dans le monde.

Il faut noter cependant que si, comme les Alliés l’ont annoncé à diverses reprises, ils occupent militairement l’Allemagne au lendemain de la guerre, les opérations de réarmement seront bien difficiles pour cette dernière. L’entraînement des hommes dans des formations paramilitaires, l’ouverture d’écoles d’instruction pour les cadres, la fabrication de matériel de guerre, toutes ces activités tournées vers la remilitarisation du pays seront impossibles si les autorités d’occupation ouvrent l’œil et sont décidées à faire respecter les clauses du traité de paix. On peut espérer cette fois obtenir le résultat souhaité.

Le désarmement moral ne sera pas moins indispensable que le désarmement matériel. Si l’Allemagne s’abandonne sans cesse à ses désirs d’agression, c’est qu’elle est convaincue de sa supériorité, qu’elle se croit le peuple élu par la Providence pour diriger le monde. Ses philosophes, ses historiens, ses intellectuels, ses chefs militaires, ses hommes d’État ne cessent de le lui répéter. Ses générations successives se sont nourries de ces doctrines ; elles ont subi une sorte d’empoisonnement ; il est nécessaire de les désintoxiquer.

Faut-il rappeler quelques-unes des déclarations où s’affirme orgueilleusement la supériorité allemande :

« Il ne convient pas à des Allemands de répéter les lieux