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témoignage

et de gouvernement ne songent qu’à préserver la paix ! Comment pourrait-on hésiter à rendre responsable de la guerre l’homme qui a dit : « La guerre est la chose la plus naturelle du monde. La guerre est inévitable. Je veux la guerre. La guerre, c’est moi ».

Oh ! sans doute, il sera assez habile, assez retors dans certains cas pour ne pas accomplir le premier l’acte de déclaration de guerre. Mais il aura agi de telle manière, par la mobilisation anticipée de ses armées et ses agressions indirectes, qu’il aura contraint ses adversaires à entrer dans le conflit pour leur propre défense. En fait, c’est lui qui portera toute la responsabilité de la guerre. Le rappel des événements le confirme nettement.


CRISE TCHÉCOSLOVAQUE


Nous sommes à l’automne de 1938. Le monde n’est pas encore remis de l’émotion ressentie au cours des événements qui ont abouti aux accords de Munich. On en discute avec passion.

En France, on se classait à leur endroit en trois groupements :

a) Il y avait ceux qui les considéraient comme une humiliation et en demeuraient ulcérés. Je reçus dans les jours qui ont suivi le retour de M. Daladier la visite d’une importante délégation de personnalités portant de grands noms dans les sciences et les lettres. Jean Perrin me lut une note collective émettant sur les accords de Munich les appréciations les plus sévères. Ses compagnons, faisant écho à sa parole, m’exposèrent avec force que le gouvernement avait eu tort, que l’abandon de la Tchécoslovaquie était une grande faute, que la France sortait de cette crise diminuée moralement.

En guise de réponse, je leur fis cette simple observation :

— Vous dites qu’il fallait résister. C’était donc la guerre.