Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
le futur traité de paix

Le nouveau règlement que nous comptons imposer à la France sera implacable. Elle doit être mise hors d’état de nous menacer ; nous exigerons d’elle qu’elle nous cède autant de terrain qu’il nous en faudra pour être toujours en sûreté. Il ne faudra pas craindre de prendre hardiment sur le territoire de la Champagne et aussi de la Bourgogne et de la Franche-Comté toute l’étendue que nous jugerons nécessaire pour constituer des marches, comme l’Europe le faisait au moyen âge. C’est à nous seuls qu’il appartient de déterminer ce dont nous avons besoin. Les droits d’une race dérivent de ses besoins. C’est pourquoi nous avons le droit d’arracher à un autre peuple (la France) le superflu dont il se gorge. Nous n’hésitons pas à déclarer que, pour conserver ses jours, un peuple a le droit d’attenter à la liberté ou à la propriété de ses voisins. »

Et plus loin :

« Nous ne pouvons, au surplus, abandonner l’embouchure du Rhin à l’influence anglo-française. Nous ne pouvons tolérer à notre frontière du nord-ouest de petits États qui ne nous donnent pas de garanties suffisantes contre une violation possible de leur neutralité. »

Philosophie politique abominable où se révèle l’esprit de la Germanie. Si on la rappelle ici, ce n’est certes pas pour l’imiter, mais pour montrer que les revendications des Alliés dans ce domaine des frontières, si osées soient-elles, seront toujours très modestes à côté de celles auxquelles ils auraient dû satisfaire en cas de victoire allemande.

Chapitre du désarmement. — À Versailles, les Alliés avaient laissé à l’Allemagne une armée dont l’importance en hommes, en armes et en munitions avait été fixée avec soin. Maintenue dans cet état, elle n’offrait aucun danger. Mais quelques années après, elle voyait ses effectifs et son matériel prendre des développements inattendus.

La vérité est que si petit que soit l’embryon d’armée laissé au Reich, il servira toujours de base à la reconstitution de forces plus importantes. Il n’est qu’un moyen d’y mettre un terme : supprimer les forces armées, dissoudre l’état-major, interdire l’existence de tout matériel lourd : canons, tanks, avions. Les forces de police