interpellé à la Chambre des Communes, a dit que le maréchal avait parlé en son nom personnel et que, pour connaître l’opinion du gouvernement en cette matière, on ne pouvait que s’en référer au discours du trône. Or, le roi Georges VI avait dit que le désir le plus cher de la Grande-Bretagne était de voir la France libérée reprendre son rang de grande puissance parmi les nations.
M. Cordel Hull, puis le Premier ministre du Canada et l’ancien gouverneur général du Canada ont fait des déclarations semblables. Les affirmations produites par le président Roosevelt et M. Churchill dans plusieurs déclarations antérieures étaient aussi nettes. Enfin M. Eden, rendant compte, le 14 décembre 1943, à la Chambre des Communes, des conférences de Téhéran et du Caire, a dit qu’il avait la plus grande confiance dans les ressources morales et intellectuelles de la France où notre pays saurait puiser l’élan et la vigueur nécessaires à son relèvement et qu’ainsi il reprendrait la place qui lui revient parmi les nations.
On pourrait donc négliger les propos du maréchal. Mais il n’est pas indifférent d’examiner d’un peu près ses théories sur l’après-guerre, surtout après les gloses qu’en a données la presse française « de collaboration », heureuse bien entendu de profiter de l’occasion pour saper le moral de la nation et reprendre ses attaques contre nos anciens Alliés.
Les prévisions du maréchal sur l’avenir français sont à la fois injustes et fausses. Elles sont injustes. Même si elles devaient se réaliser un jour, elles n’auraient pas dû être proférées.
Oui certes, la France a reçu en 1940 un coup si brutal, son organisme a été atteint si profondément, son économie si troublée qu’il lui faudra tenter et poursuivre de longs efforts pour se redresser : reconstituer son armée et sa flotte, restaurer son activité agricole et industrielle, rénover son régime politique, raffermir sa diplomatie. Mais, si elle en est là, n’est-ce pas parce qu’en 1940 elle a été seule à supporter le choc d’un ennemi puissant ? Si la Russie n’avait pas alors conclu une alliance inattendue qui changeait brutalement l’échiquier stratégique, si l’Angleterre, avec une population supérieure à celle de la France, avait eu sur le