Vétilles ! les manifestations non équivoques du réarmement de l’Allemagne !
Il est vrai que le même homme d’État s’écriait à Genève, aux applaudissements d’une assemblée sensible au beau langage et aux pensées généreuses : « Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage et à la paix ! »
En entendant de tels propos si favorables à l’exécution de leurs projets secrets, les Allemands devaient bien rire sous cape.
Quelle est, en dernière analyse, la cause profonde de ces violations répétées du traité de Versailles dont est faite l’histoire d’après-guerre ? Comment s’expliquer que de grands pays qui avaient consenti de si importants sacrifices de sang et d’argent pour imposer à l’ennemi vaincu des conditions précises et définitives n’aient pas su en obtenir l’exécution ?
La raison en est dans ce fait qu’on avait à réaliser une paix de coalition.
Pendant la guerre, les Alliés sont parfaitement unis. Leur intérêt et la raison l’exigent. Il s’agit avant tout de conquérir la victoire. Y appliquer toutes ses ressources est dans l’ordre des choses.
Une fois la paix revenue, chacun rentre chez soi et est guidé par des préoccupations spéciales. Chaque pays a ses intérêts à sauvegarder qui peuvent même être en opposition avec ceux des autres Alliés et s’accorder au contraire avec ceux de l’adversaire de la veille. Alors les liens se distendent, la bonne camaraderie du combat devient pur souvenir. Pour peu que l’ennemi fasse preuve de quelque machiavélisme (certes l’Allemagne n’en manquait pas), il tend à dissocier les Alliés et à leur arracher, aux uns et aux autres, des avantages que, unis, ils n’eussent jamais abandonnés.
Les « Papiers » de Stresemann, qu’on ne saurait relire avec trop d’attention après quelques années écoulées, portent de nombreuses traces de cette dissociation des intérêts interalliés :