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le futur traité de paix

de guerre du Reich dans les années d’après-guerre, notamment de 1921 à 1932, pour se rendre compte que l’Allemagne a fabriqué des quantités considérables de fusils, de mitrailleuses lourdes et légères, de canons de tranchées, de canons de campagne et d’obusiers, sans aucun rapport avec les limites fixées au traité de Versailles.

Par ailleurs, on reconstituait une aviation commerciale puissante dont les appareils à double fin pouvaient à peu de frais être transformés en avions de guerre. Quant à la construction des tanks et des canons lourds, rien ne l’empêchait après la suppression du contrôle interallié ; l’industrie métallurgique d’outre-Rhin suffisait à la constitution de stocks importants.

Qui plus est, on s’adressait à des pays étrangers. La Russie, asservie à Brest-Litowsk, mettait ses usines à la disposition des ingénieurs allemands et l’on voyait munitions et armements sortis des bassins du Donetz et de l’Oural s’acheminer vers l’Allemagne par terre et par mer.

Le réarmement ne se réalisait pas seulement dans le domaine du matériel. Les questions de personnel étaient traitées avec une égale attention, soit qu’on s’appliquât à faire de chacun des 100 000 soldats de la Reichswehr et des 140 000 hommes de la Schutzpolizei de futurs gradés pour l’encadrement des unités nouvelles à créer en cas de conflit, soit qu’on soumît à l’entraînement, dans des sociétés dites « sportives », mais en réalité de « préparation militaire » toute une jeunesse ardente à réapprendre le métier des armes.

Enfin, on ne négligeait pas non plus la mise en état du pays en vue d’éventualités de guerre. J’entends encore à une séance de la commission de l’Armée du Sénat notre collègue Charles Dumont dont ceux qui l’ont connu savent avec quelle passion il s’attachait à l’étude de certaines questions, nous apporter, avec cartes et plans à l’appui, le résultat de ses investigations à travers la Rhénanie : doublement et quadruplement de certaines voies ferrées, énormes gares de bifurcation et de triage capables de lancer plus de cent trains militaires par jour, autostrades reliant le Rhin à Aix-la-Chapelle, Sarrebrück, Kaiserslautern, nouveaux ponts sur