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le futur traité de paix

présenté de ci de là diverses objections. C’est lord Keynes s’efforçant d’établir dans son livre : The economic consequences of the Peace, que la prospérité allemande est indispensable à la prospérité générale, qu’il faut donc ne rien demander à ce pays au delà de sa « capacité de payement », expression vague dont on jouera habilement contre la France au travers des diverses conférences. C’est l’observateur américain à la Commission déclarant que « si l’Allemagne est trop mal traitée, l’Amérique s’opposera à une commercialisation parce que ses capitaux investis outre-Rhin seraient perdus ». C’est M. Snowden, dont le rôle a été si néfaste aux intérêts français dans toutes ces tractations, affirmant que « les créanciers de l’Allemagne ne se mettront pas d’accord sur son dos ».

Paix de coalition, paix d’abandon, surtout quand le vaincu sait si bien « finasser », suivant l’expression de Stresemann, se dérober aux grandes décisions et mettre en opposition les intérêts des Alliés. « On oublie fréquemment, écrit-il quelque part, que ce sont non seulement les États-Unis qui ont été nos bailleurs de fonds, mais aussi l’Angleterre et que leur concurrence nous a valu souvent des conditions plus favorables pour l’octroi des crédits. »

L’entente des Alliés n’était pas moins nécessaire dans le domaine du désarmement, car il ne s’agissait de rien moins que de la sécurité.

Ce problème revêtait un double aspect : il fallait d’abord réduire les armements de l’Allemagne dans les limites fixées par le traité de paix, et ensuite s’assurer par les soins de la Société des Nations qu’elle demeurait dans l’état permanent ainsi fixé.

La Commission interalliée de contrôle chargée de la première tâche l’a menée à bien dans des conditions normales d’entente et de collaboration entre les officiers des divers pays qui la composaient.

Sans doute, comme le rapporte son président, le général Nollet, il n’a pas toujours pu faire prévaloir les solutions