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témoignage

des rois et des princes de la Confédération et des chefs de l’armée groupés derrière Bismarck et de Moltke avait fêté la création de l’empire allemand.

Dans ce domaine encore, les Alliés semblaient, par leur discrétion et leur modestie, vouloir minimiser un événement qui, pourtant, demeurait l’un des plus grands de l’histoire.

Un traité dont les clauses sont parfaites ne vaut que s’il est strictement appliqué, sans rudesse ni vexations certes, mais dans sa lettre et selon son esprit. Le jour où le pays vaincu, par sa mauvaise volonté, sa résistance, parfois même ses violences, obtient du vainqueur, de sa faiblesse, de sa pusillanimité, l’abandon de telle ou telle stipulation du traité, cet instrument diplomatique perd toute vertu ; il risque de tomber en quenouille. C’est ce qui est advenu au lendemain de l’autre guerre.

Dans deux domaines surtout, le traité avait édicté des dispositions très fermes : réparations et désarmement.

L’histoire des années d’après-guerre n’est autre que celle des abandons successifs, des mutilations répétées qui ont enlevé à la victoire le meilleur de ses fruits. On se rappelle les dates essentielles.

Mai 1920. — Conférence de Hythe. — À l’obligation de réparer intégralement les dommages matériels causés aux personnes et aux biens, on substitue le principe du forfait, rejeté lors des négociations du traité.

Mai 1921. — Conférence de Londres. — La totalité de la dette allemande est fixée à 132 milliards de marks-or, dont 52 pour 100, soit 68 milliards pour la France. Ce chiffre constituait un sérieux abattement, le coût des dommages à réparer ayant été évalué au début de cette même année par les experts à 110 milliards de marks-or. Le président du Reichstag pouvait déclarer non sans satisfaction, que l’Allemagne avait vu réduire de 40 pour 100 les obligations financières du traité de Versailles.

Janvier 1922. — Conférence de Cannes. — Lloyd George présente un mémorandum faisant état de la désorganisation