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le futur traité de paix

impossible et épargné du même coup la vie de centaines de milliers de jeunes gens.

Ce sont là encore des imperfections dit traité de paix de 1919 que de cruels événements ont mises en évidence. Puisse-t-on n’y pas retomber.

Enfin, il n’est pas jusqu’aux formalités substantielles du traité qui n’aient fait l’objet de certaines incompréhensions. La cérémonie de la signature à la Galerie des Glaces à Versailles manquait vraiment de grandeur. J’en ai gardé un souvenir précis.

Autour d’une longue table étaient réunis les représentants des nations alliées. Sur de modestes banquettes rangées autour étaient assises les personnalités : ministres, diplomates, maréchaux et généraux, représentants des grands corps de l’État, membres de la presse, etc. Quand chacun eut pris place, Clemenceau fit introduire les plénipotentiaires allemands.

On vit alors apparaître deux hommes vêtus d’une longue redingote noire, le visage convulsé, les yeux hagards, marchant comme des automates mus par une mécanique, ils vinrent occuper les fauteuils qui leur avaient été ménagés. Clemenceau prononça quelques brèves paroles et aussitôt commença la formalité de la signature. Dès qu’elle fut terminée, les deux plénipotentiaires partirent comme ils étaient venus et la séance fut levée.

En rentrant à Paris avec un de mes collègues du Cabinet, nous échangions des propos mélancoliques. Au soir d’une telle journée, notre âme eût dû déborder de joie et d’enthousiasme. Il n’en était rien.

La vérité est qu’il eût fallu entourer un événement si important de manifestations plus spectaculaires, exiger la signature du traité à Berlin, afin que l’Allemagne eût pleinement le sentiment de sa défaite et ce par des hommes vraiment représentatifs du régime et non par deux personnages falots, les ministres Hermann Muller et Bell.

Par surcroît, une autre cérémonie aurait eu lieu à la Galerie des Glaces avec fanfares et orchestres en vue de balayer les derniers échos des chants et des cris au milieu desquels, le 8 janvier 1871, l’empereur Guillaume, entouré