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le futur traité de paix

pli : 21 jeunes gens de seize à dix-huit ans avaient été requis d’enterrer leurs concitoyens assassinés. Leur lugubre besogne terminée, ils furent attachés les uns aux autres, alignés contre le mur d’un bâtiment des casernes et impitoyablement passés par les armes. »

Le même jour, dans plusieurs communes voisines, Bazailles, Mont-Saint-Martin, Chénières, Cutry, Landres, Fresnois-la-Montagne, Mercy-le-Haut, etc…, les mêmes crimes furent accomplis avec autant, sinon plus de férocité,

Erreurs aussi dans la préparation du traité de paix qui ont pesé lourdement sur les lendemains de la guerre.

On se rappelle les difficultés rencontrées par la France pour faire accepter par les Alliés les conditions jugées par elle nécessaires pour une solution opportune des deux grandes questions de la sécurité et des réparations.

Le maréchal Foch avait établi, dans un long mémoire, que la frontière militaire devait se trouver désormais sur le Rhin. Des troupes alliées en occuperaient les rives et les ponts, cependant qu’à l’arrière une Rhénanie indépendante dégagée de l’emprise prussienne formerait une sorte d’état tampon entre la France, la Belgique et l’Allemagne. Le chef éminent qui avait conduit les armées alliées à la victoire montrait que toute autre mesure serait inefficace. Une Allemagne de 70 millions d’habitants, imbue de ses principes éternels de domination, reconstituerait fatalement une armée puissante ; rien n’empêcherait les événements de 1914 de se reproduire. L’occupation militaire du Rhin était la seule mesure salutaire pour éloigner de telles éventualités, au moins pendant les années instables de reconstitution de l’Europe et d’affermissement des nouvelles frontières.

Le gouvernement français fit d’abord sienne la thèse du maréchal. M. Tardieu l’exposa dans un long mémoire fortement documenté qui aurait dû emporter la conviction de tous. Mais la Grande-Bretagne et après elle les États-Unis firent opposition à ces vues. Ils redoutaient sans doute qu’une France établie sur le Rhin ne fût trop forte en face