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le futur traité de paix

me dit même, après la réunion, que plusieurs femmes pleuraient et avaient dû quitter la salle.

Je ne sais pas si les Sétois ont eu à supporter des sévices particuliers au cours de la guerre actuelle. En tout cas, ils ont connu les souffrances d’autres cités ; ils ont appris les multiples crimes commis en France par la Gestapo. Ils ont pu se rendre compte que, d’une guerre à l’autre, l’Allemagne n’avait pas changé. Les crimes de 1940 étaient en puissance dans ceux de 1914. N’eût-il pas été préférable, pour garantir l’avenir, d’informer la France entière et le monde des horreurs de la grande guerre au lieu de les couvrir d’un voile pudique dans le dessein, bien naïf, de ne pas heurter la sensibilité allemande ?

Seconde série d’erreurs dont il faut se garder dans l’avenir.


À titre d’information, je reproduis ici le passage des procès-verbaux de constat relatifs à Longuyon.

« Le dimanche 23 août, des troupes allemandes appartenant aux 22e, 122e, 125e et 156e régiments d’infanterie firent leur entrée à Longuyon, et prirent aussitôt comme otages 18 notables, qui devaient répondre de la sécurité publique que personne, sauf l’envahisseur, ne songeait d’ailleurs à troubler. Dès le lendemain commençait le pillage. Des coffre-forts étaient défoncés, les magasins saccagés, les caves dévalisées ; à 5 heures, comme on entendait le canon, le commandement faisait mettre le feu à la ville. Alors vont se dérouler des scènes affreuses. Mme X… est violée en présence de ses cinq enfants ; Mme Z… subit les derniers outrages pendant qu’on assassine son mari. L’incendie qui se propage va dévorer 213 maisons ; des habitants terrifiés se précipitent dans les caves d’où il leur faudra bientôt sortir pour échapper à l’asphyxie. Des gens affolés qui cherchent à gagner la campagne sont abattus au passage par des soldats en furie et des officiers ivres de sang. M. C…, est tué chez lui ; M. L…, vieillard de quatre-vingt-quatre ans, qui marchait à l’aide de deux bâtons, est massacré près de sa porte et les meurtriers piétinent rageusement son cadavre. Mme M… dont le fils, conseiller général et maire, a été mobilisé dès le début de la guerre, est mise au mur pour être fusillée ; sa fille se jette à son cou, lui fait un rempart