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le futur traité de paix

et de sauvagerie accomplis par les troupes allemandes au début de la guerre dans les régions occupées ; on y trouve déjà, en puissance tous ceux plus abominables encore consommés dans la guerre actuelle.

Les incendies et les meurtres de Dinant et de Visé en Belgique, de Nomeny, d’Audun-le-Roman, de Longuyon et d’ailleurs en France, n’annonçaient-ils pas à trente ans de distance les assassinats d’Oradour-sur-Glane, d’Arbonne, d’Asq, de Chateaubriant, de Charmes et autres lieux ? L’envoi en Allemagne d’hommes et de femmes du Nord et des Ardennes en 1916-1917 n’étaient-ils pas les embryons des déportations massives des dernières années ? Mais le mot d’ordre était de laisser dormir ces souvenirs douloureux.

Je pris un jour l’initiative — c’était à la séance du 31 mai 1921 — de porter à la tribune du Sénat un écho atténué des actes accomplis par l’ennemi en violation du droit des gens, rapportés dans les procès-verbaux dressés sur place après la guerre par quatre hautes personnalités : le premier président de la Cour des comptes, un conseiller d’État, un conseiller à la Cour de cassation, un ministre plénipotentiaire.

Certes la Haute Assemblée m’écouta avec une attention soutenue et attristée. Mais, après la séance, des collègues m’arrêtaient dans les couloirs, me disant :

— Votre intervention nous a vivement intéressés et émus. Mais est-il nécessaire de remuer tout ce passé ? Ne vaut-il pas mieux le laisser dans l’oubli ?

Il n’empêche que l’un d’eux, venu en Lorraine quelques années plus tard pour la visite des ouvrages de la ligne Maginot, s’étant arrêté dans une des localités ci-dessus rappelées, ayant lu sur le monument aux morts les noms des nombreux civils odieusement assassinés en août 1914, ayant entendu de la bouche d’un habitant le récit des atrocités commises par l’ennemi déchaîné au lendemain de la bataille des frontières, se rapprocha de moi et me dit :

— Je comprends maintenant le sens de votre intervention au Sénat. La France ignore tout du drame qui s’est déroulé ici. C’est fâcheux.

Un autre souvenir me revient. Au cours de la bataille du