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témoignage

Dans son Histoire de deux peuples, Jacques Bainville écrit de son côté :

« L’Europe, l’Amérique expiaient leur indifférence au triomphe prussien de 1870. Alors le monde parut comprendre que le repos, la sécurité, la civilisation étaient incompatibles avec l’existence d’une grande Allemagne unie. Il semblait qu’une idée fût désormais souveraine, celle que l’Allemagne ne devait jamais retrouver la puissance politique puisqu’elle ne savait pas même s’en servir pour son propre bien. »

Cependant vingt ans à peine s’étaient écoulés et le canon tonnait à nouveau. La grande guerre qui devait être — l’avait-on assez répété — la dernière, renaissait de ses cendres pour se muer en une conflagration plus générale encore qu’on a dénommée pour cela « guerre mondiale ».

Et voici qu’aujourd’hui où celle-ci s’achemine à son tour vers son terme, où les armées des nations unies assiègent peu à peu la Germanie rejetée derrière ses frontières, on entend les mêmes appels qu’en 1917-1918.

Il faut en finir une fois pour toutes, dit-on. Le monde est las d’être contraint tous les vingt ans à d’effroyables tueries pour mettre à la raison un peuple de proie qui ne peut vivre tranquille chez lui, dont le seul souci est d’asservir ses voisins et qui a fait de la guerre son industrie nationale. On se promet une fois de plus de prendre les mesures de rigueur qui le réduiront à l’impuissance et permettront aux hommes de connaître enfin la vraie paix.

Comment se fait-il que l’humanité se trouve placée devant les mêmes préoccupations après un si court espace de temps ? C’est donc que les nations alliées, si vaillantes dans l’épreuve, n’ont pas su bâtir la paix sur des bases assez solides pour lui assurer une certaine longévité. Comment l’ennemi, soi-disant désarmé aux termes des traités, a-t-il pu reconstituer ses forces et lancer ses nouvelles agressions ? Pourquoi n’a-t-il pas trouvé devant lui dès la première heure une coalition forte, active, résolue, dont l’existence seule eût sans doute suffi pour l’arrêter dans ses coupables entreprises ?

Pour qu’il en soit ainsi, il faut que des fautes aient été commises. Il convient de les rechercher, de les mettre en