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chapitre v

QUE DOIT ÊTRE LE FUTUR TRAITÉ DE PAIX



Je lisais récemment dans une publication les lignes ci-après :

« Il faut réduire l’Allemagne de telle sorte qu’elle soit mise désormais dans l’impossibilité absolue de recommencer la guerre… La paix que nous voulons est celle qui permettra aux puissances lésées d’exercer de justes reprises, à l’Europe de se prémunir contre toute tentative de bouleversement, aux petites nationalités de se développer sans contrainte et aux générations qui nous suivent de compter sur la sécurité du lendemain. C’est pour cela que tant de héros se battent et que tant d’autres sont tombés. Il ne faut pas que ces sacrifices soient vains, ni qu’une paix hâtive qui ne serait qu’une trêve soit consentie alors que nous voyons poindre le jour des réparations nécessaires et du châtiment du plus grand des crimes que l’histoire ait jamais relatés. »

On croira peut-être que ces lignes ont été écrites il y a quelques semaines, au déclin de la guerre mondiale.

Non, elles remontent à l’année 1917, au moment où il apparaissait que l’Allemagne ne pouvait plus gagner la guerre, où sa défaite semblait à peu près certaine. Dès cette époque, les peuples engagés dans le conflit se promettaient de faire en sorte que jamais plus un pareil fléau ne puisse s’abattre sur le monde. La formidable puissance allemande allait être brisée. Il faudrait l’empêcher de se reconstituer et assurer aux hommes un siècle au moins de vie pacifique et tranquille.