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témoignage

Elle mettait en évidence les sentiments des dirigeants nazis à mon égard et, de cela, je ne pouvais qu’être flatté. Je les leur rends bien. J’éprouve pour ces bourreaux du monde une aversion qui ne trouvera son apaisement que dans leur défaite et leur disparition.

Par ailleurs, ce voyage m’a permis de pénétrer au cœur de l’Allemagne en guerre, de voir son vrai visage, de lui tâter le pouls. Heureuse conjoncture qui m’a donné l’occasion d’entrer en contact avec la population dans les trains, dans les hôtels, à la campagne et dans les villes, de l’examiner sous une apparence d’indifférence, mais avec le désir ardent de deviner ses sentiments, de comprendre son état d’âme.

J’ai eu l’impression que l’Allemagne jouissait encore d’une forte santé et qu’il faudrait de vigoureux efforts pour parvenir jusqu’à son territoire et la contraindre à la capitulation.

Aussi bien trouvai-je à mon retour la France courageusement orientée dans cette voie sous les exhortations véhémentes du général de Gaulle et apportant aux armées alliées, sur les confins méditerranéens, un concours qui devait s’amplifier dans les mois à venir.


Décembre 1943.