exposer à son gouvernement que mon âge (soixante-douze
ans) et mon état de santé ne pouvaient s’accommoder du
régime qui m’était imposé, et que je devais être renvoyé à
mon domicile.
Je dois dire qu’au lieu de s’opposer à cette proposition, il acquiesça, ajoutant qu’il en avait déjà pris l’initiative et allait insister.
Quand je fis part à mes compagnons de l’éventualité d’entrée en clinique, ils furent unanimes à me conseiller de ne pas accepter.
— Vous devez rester ici, dirent-ils. C’est à l’autorité qui vous a interné, sans raison d’ailleurs, à prendre les mesures nécessaires pour vous soigner.
Je me résolus à garder cette attitude et, par l’intermédiaire du capitaine du camp, je sollicitai une nouvelle visite médicale. Le mercredi 29, le docteur P…, venu d’Innsbruck et le docteur H…, médecin du camp de Dachau, se rencontrèrent à Itter. M. François-Poncet servait d’interprète, bien que les médecins se flattassent, à tort d’ailleurs, de parler français.
Après une nouvelle auscultation de ces messieurs, une longue conversation s’engagea que le docteur P… conclut en disant :
— Si Monsieur Lebrun était mon père, je lui dirais : « Suivez mon conseil, venez à la clinique. »
J’eus, comme à Innsbruck, un mouvement d’humeur ; je lui montrai la responsabilité qu’encourait son pays en me contraignant, sans aucune justification, à un régime incompatible avec mon âge et mon état de santé. Il se rallia à ma proposition, me confirmant qu’un rappel circonstancié avait été adressé à l’autorité supérieure en ce sens. Le docteur H… ajouta qu’il devait se rendre à Berlin au début de la semaine suivante et qu’il appuierait d’une visite pressante les conclusions du rapport. Comme je demandais au docteur P… de me tenir informé du résultat de ses recherches à mon endroit, il me répondit qu’il l’avait consigné dans son rapport, mais n’avait pas le droit de me le communiquer.
Le mardi 5 octobre, vers 17 heures, comme je rentrais