posé sur la cheminée. Nous apprîmes, grâce aux radios française, allemande et anglaise, les nouvelles du jour.
Après une très légère collation, nous nous couchâmes. Mauvaise nuit : les événements de la journée nous avaient secoués. Par ailleurs, il faisait à Lyon une chaleur orageuse, des moustiques s’acharnaient contre nous, la literie était mauvaise, notre gardien avait laissé sa lampe allumée, il fumait sans arrêt et sans avoir sollicité notre agrément, de mauvais cigares. Enfin, chaque heure, une ronde frappait à notre porte, sans doute pour empêcher le S. D. de s’endormir.
Le lendemain, vers midi, on nous avertit de nous préparer à partir pour Paris. Le voyage s’effectua sans incident.
À l’arrivée, vers 22 heures, deux voitures nous attendaient dans la cour de la gare. Nous traversâmes Paris, un Paris noir et désert, tel que nous ne le soupçonnions pas. Nous suivions la rive gauche de la Seine jusqu’au pont de l’Alma, puis, par le faubourg Saint-Honoré, nous arrivions à Neuilly, dans une villa avec jardin d’agrément devant et potager derrière. On m’affecta une chambre au premier étage, convenablement meublée ; mon compagnon en eut une au deuxième étage, hélas ! moins confortable. Nous devions rester là en attente jusqu’au jeudi 2 septembre.
Nous étions au croisement de l’avenue Victor-Hugo et de l’avenue Bineau. On nous permettait d’être réunis tout le jour et cela valait mieux que tout le reste, car nous pouvions ainsi tuer le temps à deux. Ma chambre était fermée à clé. Quand l’un de nous voulait sortir, il devait frapper à la porte. Le gardien alerté venait ouvrir. Par ailleurs nous pouvions nous promener dans le jardin une demi-heure matin et soir.
Ce séjour ne nous parut pas trop ennuyeux. D’abord, nous essayions de définir notre position. Où étions-nous ? Quelle était la nature de la villa qui nous abritait ? Nous n’y étions pas seuls. Trois autres hommes au moins partageaient notre sort ; ils faisaient après nous leur demi-heure de promenade : le « sportif », ainsi dénommé par nous à raison de son allure et de son vêtement ; le « triste », pauvre jeune homme, marchant courbé, les yeux au sol ; le « tiers »