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témoignage

presse qu’une entrevue avait eu lieu à Vichy entre le chef du gouvernement français et les représentants accrédités de l’Allemagne et de l’Italie. Sans doute, on y discuta du retrait de la garde italienne. Le représentant allemand ainsi averti de la mesure qui se préparait aurait avisé les services de la Gestapo à Lyon qui auraient aussitôt pris les mesures nécessaires pour préparer l’expédition de Vizille-la Tronche. Ainsi s’expliqueraient les événements du 27 août sans collusion entre les autorités d’occupation.

Nous arrivâmes à Lyon vers 16 heures. On nous conduisit au siège de la Gestapo, à l’école de Santé militaire. Après une attente d’une heure dans le cabinet du chef de la police, introduit auprès du chef de la Gestapo.

Il me demanda si j’avais quelque vœu à formuler. Je protestai avec amertume contre mon arrestation que rien ne justifiait. Je lui fis un petit cours sur la Constitution de 1875 et le rôle du président de la République dans le gouvernement de la France. Il parut n’y rien comprendre. À ses yeux, j’avais été le Führer français ; il ne concevait pas pour moi d’autre rôle que celui joué par Hitler en Allemagne.

Je m’élevai ensuite contre la violence dont j’avais été l’objet ; ce à quoi il ne répondit rien, apparemment surpris par mes propos.

M. François-Poncet fut reçu à son tour par le même chef, qui l’entretint assez longuement de ses deux fils, réfugiés en Suisse pour échapper au S. T. O.

On nous conduisit ensuite dans une chambre où se trouvaient deux lits et un canapé. Un agent du S. D. nous tenait compagnie car, à partir de ce moment, nous ne devions plus jamais être laissés seuls.

La fin de la soirée se passa en conversations banales. L’ambassadeur qui parle admirablement l’allemand et qui a l’humour qui convient pour s’entretenir avec des gardiens flattés de tenir compagnie à de hautes personnalités, interrogeait habilement notre agent. Un appareil de T. S. F. était