Page:Lebrun - Témoignage, 1945.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.


chapitre iv

MA DÉPORTATION EN ALLEMAGNE


Au printemps de 1941, le chef de cabinet du préfet de l’Isère me téléphona pour m’annoncer la visite prochaine d’un inspecteur de police. Je le reçus le lendemain. Il me présenta ses pièces d’identité. Il venait pour veiller sur ma sécurité. Je lui fis observer qu’un tel soin me paraissait superflu. Depuis mon arrivée à Vizille, rien ne s’était passé qui pût justifier cette mesure. Le gouvernement ferait mieux, ajoutai-je, pour éviter les incidents qu’il paraît redouter, d’inviter la presse soumise à sa censure à ne pas critiquer aussi injustement qu’elle le fait certains hommes politiques, ce qui peut déterminer chez les esprits faibles des pensées d’agression.

L’inspecteur s’installa dans un hôtel de Vizille. Trois mois plus tard il vint me saluer à la veille de son départ et me présenta un de ses collègues, son remplaçant. Je le remerciai de ses bons offices ; je lui demandai s’il avait eu à intervenir pendant son séjour et s’il avait remarqué quelque chose d’insolite. Il me répondit que non. Le second inspecteur quittait Vizille après quelques semaines. Je ne l’avais pas revu.

En janvier 1943, le préfet de l’Isère convoqua mon gendre à Grenoble. Il lui fit connaître que l’autorité italienne allait placer des postes de garde sur les routes aboutissant à Vizille, en vue de surveiller la circulation. Effectivement cinq postes composés de deux hommes, un soldat et un gen-