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« comment mourut la paix »


qu’à ses intimes dans des entretiens strictement secrets.

On dira, il est vrai, que l’auteur s’est par la suite brouillé avec Hitler et qu’il a voulu se venger de son ami de la veille.

Les termes dans lesquels il s’en défend enlèvent toute vraisemblance à cette hypothèse. Le lecteur de l’ouvrage emporte une conviction profonde que l’âme du Führer s’y étale dans toute sa nudité et, si je puis ajouter, dans toute son horreur.

Voici donc, avec référence de pagination, quelques lignes extraites de ce livre. C’est Hitler qui parle :

Page 22. — La guerre est la chose la plus naturelle du monde. Elle est de tous les temps et de tous les lieux, elle est quotidienne, elle n’a pas de commencement pas plus qu’il n’y a jamais de paix… La guerre, c’est l’état naturel de l’homme. Qu’est-ce que la guerre, sinon ruse, tromperie, stratagèmes, attaques et surprises ?

Page 23. — (Il envisage l’invasion de la Russie.) Je serai en relation avec des hommes qui formeront un nouveau gouvernement à ma convenance. De tels hommes, nous en trouverons partout. Nous n’aurons même pas besoin de les acheter. Ils viendront nous trouver d’eux-mêmes, poussés par l’ambition, par l’aveuglement, par la discorde partisane et par l’orgueil.

Page 27. — Je ne reculerai devant rien. Il n’y a pas de droit international. Il n’y a pas de traité qui m’empêchera de profiter d’un avantage lorsqu’il se présentera. La prochaine guerre sera terriblement sanglante et cruelle… Nous démoraliserons l’adversaire par la guerre des nerfs. Nous provoquerons une révolution en France. Ces gens-là ne veulent plus rien savoir de la guerre et de la grandeur. Mais moi, je veux la guerre ; et tous les moyens me seront bons. La guerre sera ce que je veux qu’elle soit. La guerre, c’est moi.

Page 33. — Nous devons être cruels. Nous devons l’être avec une conscience tranquille.

Page 43. — L’Allemagne ne sera véritablement l’Allemagne que quand elle sera l’Europe. Tant que nous ne dominerons pas l’Europe, nous ne ferons que végéter. L’Allemagne, c’est l’Europe… Il nous faut l’Europe et ses colonies. L’Allemagne n’est qu’un commencement. Il n’y a plus sur le continent un seul pays qui soit un tout complet.