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témoignage

n’est qu’une minorité cherche à profiter des malheurs de la patrie pour prendre sa revanche. On a même vu des hommes, pour se faire bien voir du nouveau pouvoir ou d’une opinion publique qu’ils interprétaient d’ailleurs mal, prétendre que si on les avait écoutés, la guerre aurait pu être évitée.

Heureusement les documents diplomatiques sont là : télégrammes, rapports, lettres et même, dans les périodes angoissantes de la crise, communications téléphoniques. Interrogeons-les. Leur réponse n’est pas douteuse. La vraie responsabilité de la guerre s’y révèle avec une netteté parfaite. Elle remonte tout entière à l’Allemagne personnifiée par le chancelier Hitler.

Avant d’étudier les textes, scrutons l’homme. Il n’est pas possible qu’on ne trouve pas dans son caractère, dans ses conceptions, dans ses procédés, dans ses écrits, une explication des événements qu’il domine de sa redoutable personnalité.


LE CHANCELIER HITLER

Par une étrange bonne fortune, paraissait au début de la guerre un livre d’un puissant intérêt que tous les hommes devraient avoir lu : Hitler m’a dit.

L’auteur en est M. Rauschning, ancien chef nazi du gouvernement de Dantzig de 1933 à 1935 et ancien président du Sénat de la ville libre.

Il fut l’un des premiers et plus intimes amis du Führer au début du national-socialisme. Avec d’autres personnes telles que MM. Gœring, Gœbbels, Hess, Himmler, il recueillit les pensées profondes du chef.

Sans doute les trouve-t-on étalées complaisamment dans Mein Kampf ; mais, outre que ce livre volumineux et touffu est d’une lecture difficile, il est plutôt une œuvre de propagande un peu grossière à l’usage des masses. Le livre de M. Rauschning a le double avantage d’être court et de révéler la pensée toute nue du Führer, celle qu’il ne livrait