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témoignage

Il est vrai qu’il avait ajouté : « Les Chambres auront une activité nécessairement réduite. »

Enfin le rapporteur avait dit : « Les Chambres restent en fonction et seront un soutien pour le gouvernement. » Il avait même été prévu, je crois, ce qui était fort sage, que les commissions de législation des deux Chambres participeraient aux travaux d’élaboration de la future Constitution.

De tout cela, il n’est rien resté. Même les bureaux, dernier vestige de l’existence du Parlement, ont été invités à cesser leurs fonctions à compter du 31 août 1942. Par surcroît, on a créé un Conseil national où n’étaient appelés que des amis du pouvoir afin d’éviter toute remontrance de leur part. Assemblée fantôme qui ne s’est jamais réunie, je crois, en séance plénière. A-t-elle même constitué son bureau ?

Ces dispositions ont-elles été préméditées ? Sont-elles l’effet du hasard ? Il semble qu’on en trouve les prémisses dans certaines paroles du président Laval. Au cours d’une séance d’information des députés, il déclare : « Puisque la démocratie parlementaire a voulu engager le combat contre le nazisme et le fascisme et qu’elle a perdu ce combat, elle doit disparaître. Un régime nouveau, audacieux, autoritaire, social, national, doit lui être substitué. » N’est-ce pas là l’annonce du régime national-socialiste ?

Dans son discours à l’Assemblée nationale, M. Laval dit encore : « Certains prétendent que le projet apporté par le gouvernement c’est la continuation du régime parlementaire. Je proclame qu’il n’en est rien car c’est la condamnation non pas seulement du régime parlementaire, mais de tout un monde qui a été et qui ne peut plus être. »

En somme le gouvernement allait vers l’instauration d’un régime autoritaire soustrait à l’emprise de la nation. On n’a pas oublié l’éloquente protestation des présidents des deux Chambres formulée dans leur lettre si digne du 31 août 1942 au chef de l’État.

Un second grief à adresser au gouvernement de Vichy est d’avoir tenté de faire disparaître de nos publications, de nos mœurs, de nos lois, tout ce qui rappelait la nature répu-