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témoignage

serait bientôt terminée. Ils l’ont confié à diverses personnes qui en peuvent témoigner. L’Allemagne le croyait aussi ; l’article 3, § 2 de la convention d’armistice en fait foi où il est écrit : « Le gouvernement allemand a l’intention de réduire au strict minimum l’occupation de la côte occidentale française après la cessation des hostilités avec l’Angleterre. »

Par ailleurs, si la France était battue dans la métropole, elle gardait à sa disposition sa flotte intacte, une bonne partie de son aviation et son empire colonial. Ah ! que n’en a-t-on pas dit au cours des mois suivants à Vichy ! Notre puissante flotte invaincue, clamait l’amiral Darlan. Nos colonies, avec leurs populations fidèles, leurs ressources infinies, quel élément pour le redressement de la France !

C’est parce que la France avait encore ces ultimes atouts dans son jeu qu’elle se devait de les utiliser, de les jeter au creuset de la bataille avant de s’avouer définitivement vaincue et de sceller à jamais sa destinée.

Imagine-t-on ce que les flottes britannique et française unies eussent pu faire en Méditerranée ? La flotte italienne, quand on envisage son rôle au cours de la guerre, n’eût pas pesé lourd devant elles. De même que fût-il advenu des possessions italiennes de Tripolitaine prises dès ce moment entre notre vaillante armée d’Afrique et les forces britanniques de l’est ?

Le repli du gouvernement à Alger, ce pouvait être la réalisation avancée de deux ans des événements qui suivirent le débarquement des troupes anglo-américaines ; ce pouvait être avant l’heure une amorce de victoire.

Aussi bien, quand on évoque la question coloniale, on ne peut la juger en connaissance de cause sans avoir sous les yeux les télégrammes venus des chefs de nos possessions extérieures : du général Noguès, résident général au Maroc et commandant en chef de l’armée d’Afrique du Nord, du gouverneur général de l’Algérie, M. Le Beau, du résident général de Tunisie, M. Peyrouton, du général Mittelhauser, commandant en chef de l’armée du Levant, du commissaire général au Levant, M. Puaux, du général Catroux, gouverneur général de l’Indochine. Tous réclamaient avec force