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témoignage

nous sommes battus, puisque notre défaite est certaine, la conséquence, si triste qu’elle soit, s’impose à nous… Nous n’avons pas l’intention de déclarer la guerre à l’Angleterre, mais chaque fois que nous le pourrons, nous rendrons coup pour coup… Le projet apporté par le gouvernement, c’est la condamnation non seulement du régime parlementaire, mais de tout un monde qui a été et qui ne peut plus être… En Italie, avant le fascisme, c’était l’anarchie ; en Allemagne, c’était la défaite et avec elle la misère et avec elle les troubles… Les Chambres subsisteront jusqu’à ce que soient créées les Assemblées prévues par la Constitution nouvelle, mais elles auront une activité nécessairement réduite… Notre place était de rester au milieu des populations qui souffrent, pour souffrir, si cela était nécessaire, avec elles… Nous avons la chance, le bonheur d’avoir en France, à travers ce malheur que nous vivons, un soldat victorieux, un maréchal de France… »

M. Bergery lit ensuite une déclaration signée de 68 parlementaires où l’on convie la France à se rallier « à la politique du maréchal Pétain impliquant, par un dosage de collaboration avec les puissances latines et l’Allemagne elle-même, établissement d’un nouvel ordre continental ».

Enfin M. Flandin occupe la tribune. Il prononce un discours enflammé qui lui vaut une belle ovation :

« Éducation affreuse de l’opinion publique qui lui a été faite par la presse, par la radio et par le système d’information… La bureaucratie ne servait plus l’État, mais se servait elle-même… Il faut assurer la libération de l’individu non seulement dans la liberté de son esprit, mais aussi dans celle de son travail, dans l’indépendance de sa vie matérielle… Il ne faut accepter aucune copie servile d’institutions étrangères. Il faut préserver en France le respect de la personne humaine… Il faut que la terre de France reste la terre de France… »

M. Laval fait écho en quelques brèves paroles au discours de M. Flandin, précisant, en réponse à la question posée : « Que se passerait-il si on ne votait pas le projet ? » « Je n’en sais rien, plus exactement je sais comme vous que je suis là pour défendre le pouvoir civil. » Il voulait faire allusion