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de paris à bordeaux et à vichy

de mensonges entretenue par l’O. F. I. à travers une presse asservie d’où toute liberté de pensée a disparu, et qu’en fin la création de dizaines de milliers de fonctionnaires nouveaux soumet le budget à un pillage comme il n’en a pas connu dans le passé.

27 juin. — Conseil des ministres pour entendre le compte rendu de la commission retour de Rethondes et de Rome. Que de réflexions amères naissent du rapprochement des événements dont, à vingt-deux ans d’intervalle, la forêt de Compiègne a été le témoin ! Jadis, c’était Foch dictant de sa voix martiale aux émissaires allemands les conditions d’un armistice d’où était bannie toute sévérité excessive. Hier c’était Huntziger contraint d’entendre de la bouche insolente d’un de ces reîtres qui croyaient déjà tenir le monde à leur merci les clauses d’un armistice qui allait faire peser sur la France les plus rudes obligations.

Longues discussions pour savoir si le gouvernement se fixera à Vichy ou à Clermont-Ferrand. La première de ces deux villes offre de grandes ressources d’installation grâce à ses nombreux hôtels, mais elle s’enveloppe d’une atmosphère de ville d’eaux peu propice au travail, au jugement de certains. La seconde présente moins de facilités pour les nombreux ministères, mais elle a le prestige que lui confère sa préfecture.

En fait, après un court séjour à Clermont-Ferrand, on se fixera à Vichy.

28 juin. — Des dispositions sont prises en vue du départ pour l’Auvergne.

29 juin. — Départ de bonne heure pour Royat par Brive, Tulle et Ussel. Installation à l’hôtel des Bains. Le bâtiment de l’administration est aménagé en vue de recevoir les services de la présidence dans l’hypothèse où le séjour doit se prolonger à Royat.

1er juillet. — Départ de Royat pour Vichy. Installation au pavillon Sévigné où je séjournerai jusqu’au 15 dans un calme relatif. L’hôtel est convenablement aménagé pour recevoir le personnel des Cabinets civil et militaire, et pour la tenue du Conseil des ministres.

Reçu avant le départ de Royat la visite de S. E. M. Bullitt,