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témoignage

toire, il trouverait tous les éléments utiles dans les documents de l’époque, plus vivants et plus vrais sans doute que des Mémoires écrits à loisir.

Tout naturellement, on m’opposait le précédent Raymond Poincaré. On évoquait son histoire de la guerre de 1914-18 en dix volumes.

Je ne sais pas si le toujours regretté président aurait laissé des Mémoires s’il avait passé dans le calme ses sept années de l’Élysée, s’il n’avait connu que les soucis ordinaires de la politique intérieure. Mais je comprends et j’approuve que, ayant vécu à ce poste d’observation les rudes années de la Grande Guerre, ayant été mêlé de près à tous les événements politiques et militaires de cette époque redoutable, il ait éprouvé le besoin de fixer les notes qu’avec un souci incomparable d’objectivité il rédigeait chaque soir. C’est pour les historiens une source inappréciable de renseignements.

On a quelquefois critiqué l’œuvre. On a signalé quelques défauts de composition. Il est possible que, dans la hâte de la rédaction, l’ancien président se soit un peu détaché de la méthode sévère qu’il s’imposa toujours. D’ailleurs les derniers volumes se ressentent de son mauvais état de santé.

Il n’en reste pas moins que la publication Au service de la France doit être entre les mains de tous ceux qui écrivent sur la guerre de 1914-18. Ils peuvent y puiser sans réserve comme à une source d’une pureté parfaite où les événements apparaissent dans leur vérité absolue, dans leur totale objectivité, sans souci des personnalités en cause.

Si je prends la plume à mon tour, ce n’est pas pour faire le récit des sept premières années de ma présidence, encore que j’aurais beaucoup à dire sur la période si troublée qu’a vécue alors la France et où les soucis ne m’ont pas été épargnés.

Je me propose seulement, à l’exemple du président Poincaré, de consigner ici quelques témoignages pour servir à l’histoire de la guerre. À l’occasion des négociations diplomatiques qui l’ont précédée et où apparaissent ses causes premières, dans les récits relatifs à la période dramatique où elle s’est déroulée, dans les appréciations portées sur les