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Et puis, un ciel très-chaud ; jamais un jour de pluie ;
Des champs souvent sans ombre, — et des fleuves à sec ;
Des gens qu’on n’entend pas, qui ne parlent que grec ;
Il conviendrait du moins qu’ils sussent votre langue ;
Comment, le jour de l’an, répondre à la harangue ?
D’un peuple plus inculte encor que son séjour,
Comment au prince enfin composer une cour ?
Les aigles de l’Œta, du Pinde et d’Érythrie
Viendront-ils habiter dans sa ménagerie ?
Les Klephtes au front brun, à l’œil noir, aux pieds nus.
A la tunique blanche, aux longs manteaux velus.
De leurs monts, comme un jour on vit aux Tuileries
Nos fiers républicains se prendre aux armoiries,
Viendront-ils à la cour, soudain apprivoisés,
Masqués en courtisans, en seigneurs déguisés.
Les cheveux plats et courts, la moustache coupée,
Porter l’habit français et la petite épée ?
Oh ! le bon carnaval ! que je voudrais te voir,
Vieux Colocotroni, faire ta cour un soir ! 61
Oh ! le retrouver là des Suisses capitaine,
Et duc et pair ! Moscho, lectrice de la reine !
La Bobolina, dame ou d’atour ou d’honneur ;
Petro-Bey. chambellan. Gouras, premier veneur ;
Botzaris de Souli, Nikitas d’Albanie.
Maîtres de garde-robe ou de cérémonie !
Et pages (on doit bien aux pères un tel prix).