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L’ADOLESCENCE EN BRETAGNE

tées m’écorchent le cou et mon Digeste est dur comme une pierre. »

Que serait-ce s’il n’y avait le Spectacle ? En ces années du Romantisme, dans l’ivresse nationale d’une Renaissance littéraire dont la ferveur combative brûle avant tout de renouveler et créer le Drame, le théâtre a le charme et la magnificence de la jeunesse, les salles de théâtre sont l’arène des jeunes gens, qui y vont manifester leurs enthousiasmes. Pour le créole surtout, qui n’eut jamais occasion de s’asseoir à un balcon d’orchestre ni ne connaît de monuments du Moyen-Âge dans son île sans passé ni archéologie, la scène garde le prestige intact du merveilleux imaginé et des décors historiques recomposés. Leconte de Lisle néglige ses cours de la Faculté au point de perdre ses inscriptions : il en est « malade de remords », mais ne manque pour cela le spectacle. On le suit presque toute l’année au théâtre.


Je ne puis vous donner aucune nouvelle de Rennes, si ce n’est que nous possédons maintenant M. et Mme Volnys, du Gymnase, en outre d’une excellente petite troupe que l’on apprécie à Rennes. Je n’ai pas besoin de vous dire que Je suis un habitué du théâtre.


Un autre mois :


Notre troupe dramatique a débuté hier. Je ne crois pas que vous la connaissiez. C’est un coup du sort que nous possédions une semblable merueille en province ; nos acteurs ne seraient nullement déplacés à Paris… Je suis toujours aussi fou du théâtre ; cela ne va qu’en augmentant.