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LECONTE DE LISLE

ties de masques ». Mais du créole de vingt ans il diffère en ceci qu’il ne désire pas immédiatement le mariage : son tempérament ne l’y oblige pas. Et, au point de vue théorique, il n’en est pas précisément partisan :


Au reste, quelque absurde qu’on puisse croire ma pensée en ceci, qu’elle soit erronée ou fausse, voyez, c’est celle des premiers patriarches, des hommes primitifs, et vous le savez, mon ami, la vérité n’est jamais plus pure qu’à sa source. Lamennais se trompe : une société telle qu’il la rêve ne saurait exister avec le mariage. Il veut le bien-être général et conserve les égoïsmes particuliers ; il veut une égalité morale et fait des distinctions : en un mot il veut et ne veut pas, il tombe dans l’erreur. « Mais la vérité est grande et elle triomphera. (Edmond Bouthmy.)


Les vacances survenant, il voyage par les landes et les grèves : dans ces tournées, il apprend à connaître la Bretagne qu’il n’avait que rêvée à travers les poèmes de Brizeux, à laquelle il consacra l’année suivante un poème : Amour et Bretagne, et qui devait plus tard réapparaître avec le relief dramatique des impressions de jeunesse au fond de sa mémoire, granitique, écumeuse et fouettée de vents, arcboutée à ses récifs sous la furie des lames, en le Jugement de Komor, où se dresse le manoir du Jarl de Quimper[1].

  1. Il connaît Lorient, écrit-il à Rouffet, il y est resté quatre jours, « lors d’une tournée artistique » qu’il fit en août et septembre, avec trois peintres paysagistes de Paris. Il connaît aussi Kimperlé, l’Isole « et l’Ellé que Brizeux a chanté », Scaer, le Faoet et Guéméné…, il était en promenade dans le Finistère.