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LECONTE DE LISLE

pas plus pacifique que nous. C’est à faire horreur et pitié ! Nous ne sommes que des lâches !


On vient de lire ce que lui inspirait le pèlerinage au tombeau de Napoléon, où il parlait plus en homme d’esprit ferme qu’en lycéen inflammable à la lecture des grands lyriques contemporains. Il n’est ni chauvin, ni belliqueux, il déteste la guerre et la haïra toujours. (Cf., entre autres, Soir de Bataille.) Mais, à son sens, la première vertu de l’homme est la virilité qui peut seule donner à la jouissance de la paix sa plénitude avec sa dignité. Ce sont les mêmes sentiments qui animeront son indignation contre l’Angleterre vis-à-vis de laquelle il n’admettait point les honteuses reculades ou, en 1870, sa haine des hordes allemandes. Le civisme des hommes de 1792 donna à son adolescence toute sa consistance et son impétueuse générosité. Elle put être indolente aux songeries amoureuses, elle fut mâle, fière, énergique, emportée vers la vie publique des hommes adultes d’un élan viril qui se cabrait devant les lâchetés.