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LE VOYAGE

ques ; jamais tableau plus grandiose et plus féerique ne s’offrira à mes yeux. C’est False-baie.

À cinq heures du matin, nous doublons la Pointe-Est de Bonne-Espérance. Une immense échappée de vue se déroule à nos jeux. La croupe du lion, énorme sentinelle accroupie au-dessus de la ville, dessine ses larges contours, et, plus loin, la Table épand sa blanche nappe de brume, comme un voile, sur les blanches maisons du Cap que l’on distingue au fond de la baie. Là, sont ancrés 28 navires de toutes nations, parmi lesquels sont le Gol et la Lydie, partis de Bourbon huit jours avant nous, et arrivés de la veille.

Au premier abord, le Cap est aride, car l’on n’aperçoit ni arbres ni aucune autre verdure, mais l’aspect chance bientôt dès que l’on a pénétré dans l’intérieurde la ville. Des rues larges et bordées de fort belles maisons anglaises, de magasins très brillants à l’extérieur. Une immense place d’armes, une vaste bourse, un palais de justice, en font une ville tout à fait européenne.

Le Cap possède un fort beau cabinet d’histoire naturelle dirigé par MM. Verreaux frères, un jardin de botanique appartenant à M. Villet, autre Français, encore, une ménagerie assez belle, des salles de bain fort bien entretenues, d’immenses casernes, et quelques hôpitaux du reste très malpropres.

Au Cap il n’y a point d’hôtels, ce sont les particuliers qui reçoivent les étrangers. Nous logeons chez Mlle Bestaudig, grosse Hollandaise très gaie. L’intérieur des appartements n’est point tapissé, mais peint en diverses couleurs, il n’y a presque pas de meubles, et tout est d’une propreté hollandaise.

Nous louons le lendemain une voiture à six places pour nous rendre à Constance, éloignée de 4 lieues du Cap. La route est généralement sablonneuse, mais plane et droite ; des deux côtés de charmantes maisons de cam-