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LECONTE DE LISLE

habitants hollandais de l’intérieur, il y a quelques mois, indignés de ce que ceux-ci retirassent les troupes chargées de maintenir les masses de Cafres, se sont émigrés du territoire anglais, se sont avancés dans la Cafrerie, et, repoussant les noirs dansle Nord et l’Ouest, se sont établis sur la côte natale[1] où ils ont fondé un établissement qui s’agrandit tous les jours en refoulant les indigènes de plus en plus. »

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Voici d’abord le tableau auquel s’essaie le jeune homme avec un sévère désir de précision. On remarquera aussi quelle attention prête aux bêtes sauvages celui qui sera plus tard, de tous les poètes du siècle, le plus grand animalier. Il trouve pour la description des fauves les épithètes justes, signalétiques. Il est enivré par leur force et leur beauté farouche, mais il est plus soucieux d’exactitude qu’il ne songe à lyriser.


Le Cap de Bonne-Espérance, 2 avril 1837.

6 h. soir. Le ciel s’empourpre des derniers regards du soleil qui jette encore aux grandes hachures de la côte de longues gerbes lumineuses dont l’éclat se fond mollement aux légères brumes amoncelées par le soir sur le front des montagnes nues ; une large baie se développe peu à peu, ceinte des rochers tailladés à grands traits ; le bleu de la mer y contraste avec singularité, s’opposant aux feux qui se brisent sur leurs flancs gigantes-

  1. Natal.