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CHAPITRE II

LE VOYAGE



Le voyage. — Le Cap. — Ses premières lettres. — Une Hollandaise. — La volupté créole, le goût du bonheur et le sentiment de l’amour. — Sainte-Hélène et Napoléon. — Le civisme.



« L’île lointaine où il était né, la paix et la solitude qui enveloppèrent sa première enfance, les cinq longues traversées qu’il fit à la voile de Bourbon en France et de France à Bourbon, l’avaient marqué à l’avance au sceau des méditatifs et des solitaires »[1].
ROBERT DE BONNIÈRES.

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Il est instructif de remarquer après quelques jours de méditation forcée dans un voyage entre le ciel et l’eau, jeté entre les deux infinis profondément suggestifs, le jeune homme qui a quitté son pays et ses chères affections, chercher à tout connaître du premier coin de terre où il débarque, quels qu’en soient le pittoresque et l’originalité, au lieu de s’en désintéresser dans la défaillance ordinaire des premières navigations et d’un chagrin qui ne veut

  1. Dans ce sens, on peut aller jusqu’à dire que ces imposants voyages de plusieurs mois sur l’océan ont marqué le rythme immense et murmurant de ces vers.