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APPENDICES



Transformations d’Idéal


« Depuis 40 ans, nous avons vu se passer bien des choses, nous avons vu bien des changements du goût, nous en avons vu s’opérer d’autres et de plus profonds jusque dans la structure de la société, comme dans la conception de l’art et de la science ; mais ces beaux poèmes (les Poèmes Antiques et les Poèmes Barbares) n’ont pas pris une ride, ils n’ont pas aujourd’hui plus d’âge qu’ils n’avaient en naissant ; et les Méditations, les Nuits, les Contemplations ont vieilli par endroits ; nous y aurions noté, si nous l’avions voulu, plus d’une trace de rhétorique ; mais tout ce qu’ils étaient quand ils ont paru pour la première fois, Khiron et Niobé, le Rêve du Jaguar et le Sommeil du Condor, la Fontaine aux Lianes ou le Manchy le sont toujours, le sont encore, avec seulement, et en plus, ce que le temps ajoute aux choses qu’il ne détruit pas. Et cependant ils sont « modernes » ! Nous nous y retrouvons ! Nous nous y reconnaissons ! Écrits pour l’immortalité, nous sentons qu’ils ne pouvaient être conçus et réalisés que de notre temps. Toutes ces idées que nous avons vues naître ou se formuler vers 1800, ils les expriment ; ils les incarnent ; elles en sont la substance même.

« … Une transformation d’idéal qui ne le cède pas en importance à celle même que nous avons vue s’accomplir dans et par l’œuvre des Lamartine et des Hugo.

« … Noblesse et simplicité sculpturales de la ligne ; l’état sombre et comme savamment éteint de la couleur ; vivante évocation du « préhistorique », — ou, pour parler français,