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Au XIXe siècle le Romantisme dérive bien moins qu’on ne ledit des littératures anglo-saxonnes qu’il connaissait mal : il est avant tout une Renaissance orientaliste ; même quand il le haïssait comme royaliste pensionné par Louis XVIII, l’auteur des Orientales était fasciné par le génie exubérant de celui qui partit pour la romanesque expédition d’Égypte, entouré d’une « pléïade » de savants et d’artistes ; Vigny commença, dans le Désert, son grand roman interrompu, d’en écrire l’épopée, après avoir publié Héléna, avant de rimer la Frégate ; de Vigny à Gautier, en passant par Musset[1], tous les romantiques n’ont cessé de rêver de Grèce et d’Orient ; et si Chateaubriand est l’initiateur de leur école il l’est au moins autant par ses romans américains que par le Génie du Christianisme.

Leconte de Lisle, né aux colonies, grandi au milieu des races asiatiques et africaines dans une île qui les compose aussi heureusement que la France composa celles de l’Europe, condensa avec une puissance incomparable les génies de ces races dans une œuvre qui en exprime ce qu’elles ont à la fois d’extérieur et d’intime, d’essentiel.



FIN
  1. En peinture Gros, Delacroix, Decamps.