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dans l’air ses belles cloches », où le jeu du soleil se poursuit sous les branches :


Si midi du ciel pur verse sa lave blanche,
Au travers des massifs il n’en laisse pleuvoir
Que des éclats légers qui vont de branche en branche,
Fluides diamants que l’une à l’autre épanche,
De leurs taches de feu semer le gazon noir.


où l’on entend le concert innombrable des oiseaux, n’est-il pas déjà dans cette page :


Le chemin que suivait la petite cavalcade conduisait au sommet des défrichements à l’entrée de la forêt… Ils eurent bientôt atteint la limite cultivée de l’habitation et entrèrent sous l’épaisse voûte des arbres, à travers laquelle la clarté du soleil filtrait en rayons multipliés mais espacés par les impénétrables couches du feuillage. L’abondante et vigoureuse végétation de la forêt s’épandait autour d’eux et sur leur tête avec la profusion magnifique de sa virginité. Une innombrable quantité d’oiseaux[1] voletait et chantait dans les feuilles et la brise de terre qui descendait des cimes de l’île balançait comme des cassolettes[2] de parfums de riches fleurs des lianes enroulées autour des branches et des troncs.


D’une façon plus vive et plus éclatante, le tableau suivant est toute la poésie : le Bernica, déjà marqué de la même âme, de la même philosophie, nombre du même rythme :


Le détachement pénétra dans les bois. Eux aussi sont pleins d’un charme austère. La forêt de Bernica, alors comme aujourd’hui, était dans toute l’abondance

  1. Voir les expressions mêmes du Bernica.
  2. Au devant du soleil comme une cassolette... (Le Bernica.)