Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il adresse à une jeune Indienne des vers consacrés à une cousine :


Sous les palmiers, frais berceaux du vieux Gange,
Céleste enfant, quel rayon t’anima ?


Est-elle un ange chrétien


Ou de l’aurore, au souffle de Brahma,
Un blanc génie, aux ailes de topaze ?


Et il la compare au « colibri » et la nomme « perle de l’Asie ».

Grandi au milieu de fleurs et d’oiseaux de l’Inde, ayant entendu ses parents parler du Gange et des pagodes, ayant vécu près des télingas porteurs de manchys et des Hindous qui travaillent aux sucreries, il demanda aux œuvres savantes des éclaircissements sur les théogonies et l’histoire hindoues. Créole, il estimait qu’il était autant de son devoir naturel de posséder l’histoire de l’Inde que l’histoire de France : c’est dans ces deux histoires que le créole se constitue un Passé poétique.

Enfin, pour ce qui est de la Philosophie hindoue, sont-ce les livres qu’il a lus qui en ont intégré en lui le goût, ou ne sont-ce pas plutôt les paysages contemplés dès l’enfance qui lui en firent la lente mais profonde révélation ? Que célèbre l’Orbe d’Or, sinon, après l’évocation panoramique et ordonnée d’un paysage créole, l’enseignement d’universelle vanité, de néant harmonieux et éternel que donne à l’homme du Sud le coucher du soleil dans l’immensité de l’Océan Indien et son infime parcelle de terre qu’est une île ?