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l’aïeul. Selon toute probabilité, elle était située à l’endroit où, dans une nouvelle inédite, il place la demeure de colons nobles récemment débarqués de France :


L’habitation des Villefranche, comprise du nord au sud entre les ravines de Saint-Gilles et de Bernica, était bornée, dans sa partie basse, par la route de Saint-Paul à Saint-Leu, qui séparait les terres cultivées de la savane du Boucan-Canot. C’était une vaste lisière qui, d’après la concession faite au premier marquis de Villefranche, devait s’étendre de la mer aux sommets de l’île ; mais les défrichements s’étaient arrêtés à cette époque bien au-dessous de la limite où ils sont parvenus aujourd’hui ; la forêt du Bernica couvrait alors de son abondante et vierge parure les deux tiers de la concession. L’emplacement où s’élevait la demeure du marquis était situé sur la cime aplanie d’un grand piton d’où la vue embrassait la baie de Saint-Paul, la plaine des Galets et les montagnes qui séparent le quartier de la Possession de Saint-Denis. Vers l’ouest, en face de la varangue… la mer déroulait son horizon infini. C’était un vaste tableau où resplendissait aux premières lueurs du soleil cette ardente, féconde et magnifique nature qui ne s’oublie jamais.


Créole de sang, Leconte de Lisle est encore créole par le temps qu’il passa dans son pays. Il le quittait à l’âge de trois ans (1821) et y revenait après un séjour de sept ans en France. Son adolescence s’écoula tour à tour à Saint-Paul et à Saint-Denis. À dix-neuf ans, il repart pour la Bretagne (1837) et rentre à Bourbon en 1843. Il habite Saint-Denis de 1843 à 1845. Ce fut son dernier séjour dans la colonie. Ainsi les douze années passées dans son