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I

C’est à Saint-Paul, rue Saint-Louis, que Leconte de Lisle vit le jour. La maison natale — le n° 8 — a disparu à moins qu’elle ne soit de ces « emplacements » qui tombent en ruine et s’abolissent peu à peu au milieu de vastes vergers déserts, sortes de tombes que l’on rencontre fréquemment dans ces « quartiers » d’où la vie s’est peu à peu retirée, ce qui fut particulièrement le sort de Saint-Paul, ancienne capitale de l’île. Les familles aristocratiques qui y étaient d’abord descendues répugnèrent à le quitter, y demeurèrent, contribuant à lui conserver dans son abandon un caractère de vieille noblesse. Issue des comtes de Toulouse, la famille de Lanux, maternelle à Parny et d’où naissait Leconte de Lisle, montrait à Saint-Paul cette fidélité. Elle avait été une des toutes premières venues de France, comprenait des cultivateurs, des avoués ou des notaires, dont l’un d’ailleurs, correspondant de M. de Buffon, l’avait renseigné sur la faune et la flore de l’île. Leconte de Lisle connut son aïeul, C’est le « cher aïeul » qu’il salue aux strophes de Si l’aurore :


Avec ses bardeaux roux jaspés de mousses d’or
Et sa varanfçue basse aux stores de manille
A l’ombre des manguiers où grimpe la vanille
Si la maison du cher aïeul repose encor…


Né en ville, Leconte de Lisle passa certainement la plus grande partie de son enfance sur les hauteurs des collines de Saint-Paul, à la maison de