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assez hardiment provocatrice. Il déclarait à des gens accoutumés de goûter seulement le jeu des phraséologies que « la beauté des Misérables était « en leur caractère de revendication sociale ». Il regrettait de ne pouvoir admirer sans ombre d’arrière-regret les Châtiments, mais « la foi déiste et spiritualiste de Victor Hugo lui interdisait d’accorder une part égale aux diverses conceptions religieuses dont l’humanité a vécu et qui, toutes, ont été vraies à leur heure ».

Les « ducs » étaient encore tout chauds de l’insuccès d’une récente tentative de restauration légitimiste, et il disait : « À vingt ans, Victor Hugo se crut donc royaliste et catholique, mais la nature même de son génie ne devait point tarder à dissiper ces illusions de jeunesse. L’ardent défenseur des aspirations modernes, l’évocateur de la République universelle, couvait déjà dans l’enfant qui anathématisait à la fois, en 1822, la Révolution et l’Empire et chantait la race royaliste revenue derrière l’étranger victorieux. »

Et c’était enfin cette magnifique apothéose de la vertu Révolutionnaire :


Les grands écrivains du XVIIIe siècle avaient surtout préparé et amené ce soulèvement magnifique des âmes, ce combat héroïque et terrible de l’esprit de justice et de liberté contre le vieux despotisme et le vieux fana-

    recherche de la popularité, de ses concessions allant jusqu’à la faiblesse sur le terrain politique », mais il se serait bien gardé en public d’affaiblir par quelque blâme du caractère l’expression de son admiration pour le poète que la foule est toujours trop heureuse de rabaisser au niveau vulgaire.