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LECONTE DE LISLE

inconnue, passe et repasse, dénouée, fuit parmi les fougères arborescentes — de ce jardin, qui avait laissé dans son œil l’éclair d’une amoureuse vision blonde[1].

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Évidemment, on n’imaginait pas « l’auteur de Kaïn » compositeur de romances. Toutefois que la publication de ces essais de son adolescence, montrés au public comme les premières esquisses d’un génial artiste, n’outrepasse pas notre pensée. Que M. Spronck, par exemple, ne se flatte pas trop vivement d’intuition divinatoire lorsque, toujours soucieux d’émietter, de diviser le génie en casiers et compartiments plus ou moins symétriques et divers, il écrivit de Leconte de Lisle dans les Artistes littéraires : « Derrière le grand génie plastique se cache pourtant un versificateur larmoyant et poncif, une sorte de faiseur de romances prétentieuses. » C’était déjà le second ou le troisième tempérament « caché » qu’avec volupté M. Maurice Spronck découvrait en Leconte de Lisle. « On affirme, ajoute-t-il en manière d’arguments et de preuves, que W. Scott reste encore aujourd’hui pour le maître, l’objet de lectures assidues. Si paradoxale que semble l’assertion, elle n’est sans doute

  1. Une autre poésie inédite, le Bouton de rose, rappelle encore particulièrement Rességuier. Il s’y révèle un effort de virtuosité, — curieux débuts du poète de la Vérandah. Il semble qu’elle doive accompagner ces romances dont la rapprochent le refrain de l’inspiration même.