Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ronné une vingtaine de pauvres diables qui avaient commis une belle action. Les unes ont été évaluées à 2.000 fr., les autres 1.000, et les dernières 500 fr. Les deux dizaines d’actes vertueux m’ont fait comprendre Cartouche et Mandrin et m’ont inspiré une haute estime pour ces deux voleurs. Rien n’était plus hideux que d’entendre ces vieux gredins d’académiciens couverts de crimes parler dévouement et grandeur d’âme en versant des larmes de crocodile ; j’en ai encore des maux de cœur. Ô vertu, je ne sais pas si tu n’es qu’un nom, mais ce que je sais bien, c’est que je vais me faire prêtre ou mouchard si cela continue. Hélas ! mes bonnes gens ! j’ai toujours regretté, voyant le train dont va le monde, de n’avoir pas été le Scythe Babouc quand il reçut la visite de l’Izod. Je n’aurais certes pas laissé échapper l’unique occasion de jouer au sérieux mon rôle providentiel. Par les cornes d’Ahrimann, on se serait souvenu de moi dans la Haute-Asie. Cette vieille tête de Babouc donne des attaques de nerfs ; on n’est pas plus inepte que ce vieux drôle. Je vous demande un peu, mes enfants, quel mal il y aurait à mettre le feu aux quatre coins de Persépolis, sauf à prendre quelques informations après coup ? Tuez toujours ! Dieu reconnaîtra les siens. Voilà parler. Cette bonne Inquisition n’y allait pas de main morte. (Si Dieu il y a, question incidente.) En admettant même que toute la canaille académique, militaire et civile de la ville sus-nommée eût bel et bien grillé, je ne vois pas qui aurait eu le droit de s’en plaindre, si ce n’est la dite canaille qui n’avait pas voix au chapitre. Il est clair