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L’ENFANCE DANS L’ÎLE

Au cou de Çunacépa Santa s’enlace :


Puis, d’une voix pareille aux chansons des oiseaux
Quand l’aube les éveille en leurs nids doux et chauds,
Ou comme le bruit clair des sources fugitives[1],
Tu lui dis de ta bouche humide aux couleurs vives…


Maitreya évoque avec émotion celle dont


La voix harmonieuse était comme l’abeille
Qui murmure et s’enivre à ta coupe vermeille
Belle rose…[2]


Et le chevrier sicilien déclare :


Mais pour te ranimer, ô nature muette,
Il suffit d’une voix qui chante dans les blés[3].


Une voix inconnue enchanta sa jeunesse[4], qui toujours chanta aux jardins de son âme ; de même la beauté d’une tresse épaisse et fine, tresse

  1. Une des pièces de sa jeunesse, précisément intilulée : Sa voix, offre de fraîches et semblables imagées :
    Serait-ce de l’azur une voix descendue…
    Un accord échappé aux lèvres du matin ?
    C’est l’odorant parfum tombé de l’aubépine
    Vierge blanche qui dort, au front de la colline,
    Sur un lit tout jonché de mousse et de bluets…
    ... Ainsi l’onde, au vallon, sur le gravier qui crie,
    Murmure doucement, et chante, et coule, et prie
    Sous le feuillage noir.
    Sa voix parle à mon cœur, elle est suave et pure
    Comme une aile du vent qui joue à la ramure.
    Quand s’éveille le jour…
  2. Bhagavat.
  3. Bucoliastes. — Sur quoi s’appuyait donc Alphonse Daudet
    quand il écrivait que Leconte de Lisle était musicophobe ?
  4. Le dénonce assez la chaleur de tels vers :

                           … Sa voix a des accents
    Qui viennent tous à moi, qui coulent sur ma vie
    Ruisselants de parfum, de charme et d’harmonie
         Tant ils sont délirants.

    (Sa Voix.)